Ce sont principalement la réduction de l’acuité visuelle liée au kératocône ainsi que l’amétropie associée (myopie, astigmatisme) qui vont déterminer l’aptitude professionnelle d’un patient ayant un kératocône. Mais d'autres paramètres peuvent être également pris en considération. Ceci est valable à la fois pour les emplois de la fonction publique que pour ceux du secteur privé.

EVALUATION DE L'ACUITE VISUELLE:
Si certaines professions mentionnent spécifiquement les conditions d’aptitude en présence d’un kératocône, la plupart indiquent des critères d’acuité visuelle minimale et d’amétropie (myopie, astigmatisme) maximale qu’il faut respecter pour la détermination de l’aptitude professionnelle.
L’acuité visuelle, au mieux, est estimée en vision de loin sans et avec correction (lunettes ou lentilles), oeil par oeil, puis les deux yeux en même temps. Le seuil minimal d’acuité visuelle est souvent, en binoculaire, comme la somme des acuités visuelles de chaque oeil. Par exemple, il pourra être demandé une acuité visuelle sans correction des deux yeux de 6/10 prenant la forme d’une des combinaisons suivantes : 3/10 pour chaque oeil, 4/10 et 2/10, 5/10 et 1/10.
De même, une acuité visuelle avec correction aux deux yeux de 16/10 pourra être exigée avec comme possibilité : 8/10 aux deux yeux, 7/10 et 9/10, 6/10 et 10/10.
De plus, la myopie ne devra pas dépasser - 3 D et l’astigmatisme 2 D pour les pilotes professionnels par exemple.

AUTRES PARAMETRES:
• L’évolutivité de l’affection est aussi un paramètre important, aussi bien à l’admission dans une profession qu’en cours de carrière. Ainsi, un kératocône stable et bien corrigé par lunettes ou lentilles, respectant les critères médicaux d’aptitude professionnelle en termes d’acuité visuelle et de myopie, est tout à fait compatible avec certaines professions, même avec une fonction de sécurité.
• Le kératocône fruste n’est généralement pas une cause d’inaptitude dès lors que les critères d’acuité visuelle ou de myopie sont respectés. Par exemple, un candidat pilote professionnel myope de - 2,5 D ayant une acuité visuelle corrigée de 10/10 à chaque oeil est tout à fait apte, même si la topographie cornéenne est compatible avec un kératocône.
• Enfin, en l’état actuel de la législation, l’implantation de segments d’anneaux entraîne l’inaptitude pour les professions comportant une fonction de sécurité comme les pilotes d’avions, par exemple.

Il s’agit de professions ayant des critères médicaux d’acuité visuelle sans obligation que le diagnostic de kératocône soit formellement établi. Le patient atteint de kératocône est inapte si son acuité visuelle est inférieure à l’acuité visuelle minimale exigée et/ou si sa myopie ou son astigmatisme sont au-delà des limites prescrites. L’inaptitude peut être prononcée en cours de carrière en présence d’un kératocône évolutif réduisant l’acuité visuelle du patient. Il faut se référer aux critères médicaux établis par chaque administration. A titre d'exemple, voici quelques exemples de carrières (cette liste n'est pas exhaustive):

• Sapeurs-pompiers
• Douanes
• Police :gardien de la paix, inspecteur
• RATP
• SNCF :conducteur, contrôleur, aiguilleur
• Militaires dont Gendarmerie
• Personnel navigant de l’aéronautique civil et militaire : pilotes, contrôleur aérien

En dehors des contre-indications absolues à la pratique de tout sport, notamment les affections entraînant une inaptitude à l'effort, les patients atteints de kératocône peuvent pratiquer de nombreux sports. Cependant, les porteurs de lentilles rigides utiliseront des lunettes de protection lorsque l’activité sportive l’imposera ou présentera un risque pour les cornées. Il faut distinguer les sports de loisirs pratiqués seul, en famille ou entre amis, de ceux encadrés par des fédérations sportives. Ces dernières ont le plus souvent des commissions médicales qui fixent des contre-indications relatives ou absolues. De plus, ces contre-indications varient selon le degré de la pratique : loisir, entraînement, compétition, professionnel. Il serait difficile de lister, ici, toutes les contre-indications ophtalmologiques par fédérations sportives... Le mieux est de se renseigner directement dans les clubs ou sur leurs sites Internet qui donnent le plus souvent des informations.

Certains sports présentent toutefois des risques que le patient doit connaître. Ainsi, les arts martiaux sont des sports de contact et ce contact intervient pratiquement lors de chaque séance d’entraînement en club, a fortiori lors d’une compétition ; il en résulte qu’un certain nombre d’affections des yeux constituent des contre-indications spécifiques à la pratique de ces sports. Après chirurgie de la cornée (greffe, anneaux, lasik, CXL), il est toujours déconseillé de faire des efforts physiques importants. Le chirurgien précisera à son patient les conditions et le temps à respecter avant de reprendre une activité sportive. Si elles existent, nous indiquerons les contre-indications ophtalmologiques et les précautions à prendre pour pratiquer un sport avec le kératocône.

Avertissement: la liste ci-dessous est en cours de rédaction.

	Arts martiaux. Boxe, karaté, judo, escrime, etc. Contre-indications: temporaires et définitives
	Natation. Contre-indications: aucune. Ne jamais se baigner avec des lentilles de contact à cause du risque d'infection amibienne. Ce risque est multiplié en eaux douces (lacs et rivières). Toujours utiliser un masque ou des lunettes de natation. Après chirurgie, se renseigner auprès de l’ophtalmologiste.
	Ballons. Football, Rugby, handball, basketball, volley, etc. Contre-indications: aucune. Pour le rugby se renseigner auprès de l'ophtalmologiste ou du club.
	Cyclisme. Cyclorandonnée, trial, VTT, etc. Contre-indications : aucune Lentilles : des lunettes couvrantes seront utiles en cas de poussières et de vent.
	Balles. Tennis, Golf, pétanque, bowling, etc. Contre-indications: aucune Lentilles : des lunettes couvrantes seront utiles en cas de poussières et de vent.
	Athlétisme. Courses, sauts, lancers, épreuves combinées, marche, etc. Contre-indications: aucune Lentilles : des lunettes couvrantes seront utiles en cas de poussières et de vent.
	Tir. Arc, tir au pistolet, paint-ball, javelot, etc. Contre-indications: temporaires et définitives. Lentilles : des lunettes protectrices sont obligatoires pour ces sports.
	Gym. Artistique, rythmique, trampoline, acrosport, aérobic, tumbling, etc. Contre-indications: aucune
	Equitation. Contre-indications: aucune Lentilles : des lunettes couvrantes seront utiles en cas de poussières et de vent.
	Nautisme. Voile, surf, planche à voile, canoë, rafting, etc. Contre-indications: Mêmes précautions que la natation. Utiliser un masque ou des lunettes de natation. Après chirurgie, se renseigner auprès de l’ophtalmologiste.
	Glisse. Ski alpin, de randonnée et de fond, snowboard, patinage, Hockey, etc. Contre-indications: aucune Lentilles : des lunettes couvrantes seront utiles en cas de poussières et de vent. Pour le ski, lunettes indispensables pour se protéger des UV.
	Plongée. PSM, apnée, etc. Contre-indications: temporaires et définitives.
	Loi de Newton. Parachutisme, vol à voile, saut à l'élastique, aviation de loisir, alpinisme, etc. Contre-indications: temporaires et définitives.

Comme de nombreuses maladies oculaires, le kératocône, corrigé par lunettes ou par lentilles, peut avoir des effets sur la conduite automobile. De la même manière, la vision est parfois modifiée après une greffe de cornée ou la pose d’anneaux cornéens. Le kératocône n’est pas une contre-indication à l’obtention du permis de conduire. De nombreux patients conduisent sans difficulté particulière. Toutefois, de forts astigmatismes rendent souvent la conduite de nuit difficile (halos, images fantômes, éblouissements, etc.) Le décret d’aptitude médicale à la conduite (arrêté du 21 décembre 2005) reprend les dispositions du précédent décret de 1997, mais contient des nouveautés en particulier sur le champ visuel binoculaire et l’inaptitude à la conduite nocturne. Voici les principales dispositions de la réglementation actuelle :

Incompatibilité si l’acuité binoculaire est inférieure à 5/10e. Si un des deux yeux a une acuité visuelle nulle ou inférieure à 1/10e, il y a incompatibilité si l’autre oeil a une acuité visuelle inférieure à 6/10e.

Compatibilité temporaire dont la durée sera appréciée au cas par cas si l’acuité visuelle est limite par rapport aux normes ci-dessus.

Incompatibilité temporaire de 6 mois après la perte brutale de la vision d’un oeil. L’acuité est mesurée avec correction optique si elle existe déjà. Le certificat du médecin devra préciser l’obligation de correction optique.

En cas de perte de vision d’un oeil (moins de 1/10e), un délai d’au moins 6 mois avant de délivrer ou de renouveler le permis sera nécessaire. Des rétroviseurs bilatéraux sont indispensables. Un avis spécialisé peut être nécessaire, par exemple après toute intervention chirurgicale modifiant la réfraction oculaire.

Incompatibilité si le champ visuel binoculaire horizontal est inférieur à 120° (60° à droite et à gauche de l’axe visuel) ou si le champ visuel vertical est inférieur à 60° (30° au-dessus et au-dessous de l’axe visuel).

Incompatibilité de la conduite de nuit si absence de vision nocturne. Compatibilité temporaire avec mention restrictive “conduite de jour uniquement” après avis spécialisé si le champ visuel est normal.

OPHTALMOLOGIE ET PERMIS DE CONDUIRE

Dr FX. ZANLONGHI

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